Apprendre que l’on a une maladie chronique peut être une épreuve. Le cheminement vers l’acceptation de la maladie peut être long et souvent difficile. La cohabitation, l’adaptation peuvent prendre du temps. En effet, la maladie chronique modifie la représentation que l’on a de soi. Elle invite à redéfinir son identité pour endosser une autre, différente. Par ailleurs, la personne qui en souffre traverse des épisodes dépressifs caractérisés ; l’image, l’estime, la confiance qu’elle a d’elle même sont souvent altérées.

Dès lors, quelle place pour l’amour ? Qu’en est-il du couple ? Lorsque le malade souffre, cela se répercute-t-il toujours sur la relation de couple ? Existe-t-il des astuces pour aider l’autre sans se perdre soi-même ? Avoir une maladie chronique empêche-il de construire, continuer une relation de couple?

Voici un tas d’interrogations que l’on peut avoir avant de franchir le cap, et commencer une relation de couple, lorsque l’on apprend que l’on a une maladie chronique ou que la personne que l’on aime souffre d’une maladie chronique.

Pour commencer, je dirais qu’il y a différentes circonstances qui peuvent amener à ces questions :

-la première lorsque l’on sait avant d’entamer la relation que l’autre a une maladie,

-la seconde lorsque la maladie survient après quelques mois voire quelques années de relation.

Le savoir avant la relation

Dans le premier cas, votre future moitié à pris le soin de vous partager ce qu’elle traverse. Ici, nous pouvons y voir plusieurs aspects positifs. En effet, elle vous accorde une assez grande confiance pour vous informer ; C’est aussi un gage de respect envers vous, car elle vous laisse le choix d’accepter ou pas cette situation et ne vous prend pas en otage.

Ici, il sera primordiale d’apprendre à se découvrir et mettre à plat ses insécurités afin qu’elles ne viennent pas entacher la relation. De plus, si le handicap n’est pas visible, il peut arriver qu’on ne sache pas comment réagir à cette annonce. Il est important de ne pas se précipiter, avoir peur voire foncer tête baissée. Entreprenez le dialogue, soyez curieux, posez des questions, en cas de besoin, faites des recherches sur ladite maladie de votre côté.

Une fois  que vous avez toutes les cartes en main, vous pourrez prendre une décision. Demandez-vous si vous l’aimez, si vous vous sentez d’être là au quotidien, si vous êtes prêt à vivre avec les symptômes, l’évolution de la maladie, les changements d’humeurs, les crises, la peur de ne pas comprendre, se sentir vulnérable, la peur de perdre la personne en face de vous ? Un choix s’imposera à vous : partir ou rester.

La décision

Quoi qu’il en soit, cette décision doit provenir d’un seul lieu : votre cœur.

Même si la peur, votre entourage, votre mental tenteront de vous orienter afin que vous ne voyiez que les aspects négatifs, les difficultés, essayez de faire preuve de raison ; sans vous précipiter. Interrogez votre capacité à affronter cela avec l’autre. Si vous désirez être cette épaule ( sans être un soignant), ce rayon de soleil, cette bouffée d’oxygène. En outre, rien ne vous empêche de régulièrement faire part de vos doutes, vos craintes et vos incertitudes à votre partenaire. Vous l’aurez compris il vous faudra : communiquez, communiquez, communiquez !

En somme, sachez qu’aucune décision ne sera bonne ou  mauvaise, ce  sera votre décision.

Si vous décidez de partir ne culpabilisez pas surtout si vous êtes en accord avec vous-même.  En effet, si vous vous  persuadez de rester alors qu’au fond vous sentez que quelque chose vous gêne, cela finira par ressortir un jour. A contrario, si vous choisissez de rester, soyez conscient qu’il y aura des jours avec et des jours sans. Mais finalement  n’est-ce pas le lot de toutes les relations de couple?

La maladie vient s’introduire dans la vie du couple

Dans le deuxième cas, la maladie vient s’introduire dans la vie du couple. Et ici c’est le quotidien qui est ébranlé, l’équilibre que le couple s’est efforcé à construire années après années qui est mis à l’épreuve. Comment accepter de voir l’autre changer ? Comment maintenir un équilibre ? Est-ce réellement possible ? Quid de notre amour ?

Encore une fois, c’est un choix à opérer en pleine conscience, en connaissance de soi et en communiquant à l’autre ce que nous ressentons. Il est important de reconnaître si la personne que l’on est, soit capable de vivre ces changements . En effet, il n’y a rien de simple  à  être exposé à la vulnérabilité, les insécurités de l’autre au quotidien.  Cependant, en dialoguant ouvertement sur les difficultés de chacun on parvient à procéder aux ajustements nécessaires pour le bonheur et l’équilibre de tous.

Néanmoins, il convient d’être vigilent car dans cette situation, le partenaire non malade,  peut vite se retrouver à toutes les places. Ainsi, il peut devenir un refuge, une présence affective, un aidant.  Cependant,  il se peut que cette personne n’ait pas les ressources psychologiques et physiques pour faire face à toutes ces mutations. Bien souvent, qu’il s’agisse du côté du malade ou du partenaire, la communication peut être difficile à instaurer par pudeur, orgueil etc.

C’est la raison pour laquelle, j’invite souvent mes patients à tout mettre en œuvre afin de s’assurer qu’ils soient synchrones avec leur partenaire. Et ce particulièrement face à la maladie qui peut insécuriser la personne souffrante. (douter de sa capacité à plaire, séduire l’autre etc). Souvent le malade n’ose pas exprimer sa douleur, ses besoins, sa fatigue,  obligeant l’autre à interpréter, deviner ce qui l’anime. Ce comportement est  très dommageable. Ce sont ces petits silences qui finissent par créer des malaises, des malentendus et de l’éloignement. Le malade et son partenaire, subissent la maladie et ils en oublient l’essentiel : leur couple, leur amour.

N’enfilez pas de “blouse blanche”

Il sera capital  de reconnaître ses limites, se préserver. Si vous acceptez par exemple de rester avec la personne que vous aimez en sachant qu’elle a une maladie dégénérative : discutez-en, mais affirmez-vous en posant certaines limites : « je ne veux pas te doucher, je ne peux pas m’occuper de toi dans ces moments-là, j’ai besoin de mon espace, de temps pour moi, on doit solliciter de l’aide pour… Je peux faire cela, etc… ».  C’est encore une fois, une question d’affirmation de soi, de communication et d’équilibre à trouver ou retrouver au fil des années.

Le conseil que je pourrais donner au partenaire non malade : n’enfilez pas une blouse blanche. N’essayez pas de sauver, de soigner l’autre. Laissez votre partenaire  parcourir son chemin, laissez-le libre de vous partager ses tourments.

A titre d’exemple une patiente qui a un trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité est en couple depuis peu avec un homme. Il s’est informé sur le trouble et vit une relation épanouissante avec sa partenaire. En effet, cet homme amoureux d’elle, lui laisse une immense liberté. Il n’exige pas qu’elle lui fasse un compte rendu sur ses rendez-vous médicaux.  En fait, il lui laisse le choix de lui partager certaines informations utiles à leur vie de couple.  Il a parfaitement intégré que son rôle est de l’aimer avec sa maladie, de la soutenir, de lui apporter du bonheur, une oreille attentive. Tout en étant conscient qu’il n’est pas médecin, qu’il n’est pas psychologue ou psychiatre.

En conclusion

Ce que je dirais à la personne malade, quelque soit l’évolution de votre maladie, n’oubliez pas que vous n’êtes pas votre maladie. C’est une partie de vous, avec ses conséquences, ses contraintes. Mais cette maladie ne fait pas de vous une personne inférieure, non digne d’amour, de bonheur : vous êtes aimable ! Vous avez le droit de vivre une relation amoureuse  pleine, enrichissante, épanouissante, satisfaisante. Acceptez l’amour qu’une autre personne désire vous offrir. Communiquez sur vos attentes, besoins, doutes et  envies, ne soyez pas passif face à votre partenaire parce que vous êtes malade.

Vous l’aurez compris là où règne l’amour tout est possible. À partir du moment où vous, vous ouvrez à une communication intègre avec votre partenaire, et que vous suivez votre cœur.  Tout le reste sera toujours accommodable et ce, même avec une maladie chronique.

Avec bienveillance et enthousiasme !

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Photo de Marcelo Chagas provenant de Pexels

1 Commentaire
  • Boudouani
    Publié 6 mai 2021

    Bonjour, je vous remercie beaucoup pour cette chronique.
    C’est une question que je me posais beaucoup, en tant que TDAH et borderline, et présentant une addiction à l’alcool.
    J’ai rencontré une personne il y a peu via un site de rencontre.
    Nous avons beaucoup discuté puis nous nous sommes rencontrées. Nous avons encore discuté, de manière plus approfondie. Et plus nous discutons plus nous nous rendons compte que nous avons toutes les deux des problèmes, propre à chacune.
    Je ne lui ai rien caché sur mes troubles du comportement et ça l’a même rassurée car j’ai été honnête avec elle. Elle est libre de poursuivre cette relation ou de s’en détacher.
    Cette liberté est fondamentale et repose sur une relation de confiance ou personne ne se sent emprisonnée.
    A.B.

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